Dans son compte rendu de la permanence publique du 17 décembre, distribué récemment dans nos boîtes aux lettres, la CNR, promoteur du projet éolien dans notre commune avec le soutien du maire et d’une majorité du conseil municipal sortants, présente les choses à sa façon, et de manière un peu trop rassurante ! En résumé : «Dormez, braves gens, tout va bien ! Nos éoliennes vous apporteront le bonheur !». Nous croyons utile de rétablir quelques vérités.
Avant la permance publique du 17 décembre organisée par CNR, trois petits jeunes ont battu le pavé pour apporter la bonne parole et tenter de déminer le terrain. Ils se sont sans doute rendus compte que les Bressans ont oublié d’être naïfs, et qu’ils ne se contenteront pas d’informations tronquées, ni des arguments rabâchés par les promoteurs éoliens !
Calendrier : la CNR tente d’avancer ses pions
La CNR a présenté ses études comme de simples études de faisabilité. C’est faux. Le Conseil municipal n’a en réalité plus aucun moyen légal d’arrêter le promoteur si ce dernier veut aller jusqu’au bout de son projet et dépose un dossier en préfecture. Les élus seront simplement consultés pour avis au cours de l’enquête publique, mais la décision finale appartiendra au préfet, qui peut passer outre et ne s’en privera certainement pas s’il n’a pas de bonnes raisons d’arrêter le projet.
Il est donc important de nous faire entendre et voir dans notre lutte contre le projet éolien de CNR pour influer sur les décisions, en particulier avant que CNR ne dépense beaucoup d’argent dans de coûteuses études de faisabilité qui l’engageront d’autant plus à aller jusqu’à bout qu’elle voudra récupérer son investissement.
Acoustique-Bruit-Santé :
moins de protection, avec la complicité de l’État
La réglementation française sur le bruit est beaucoup moins protectrice quand il s’agit des éoliennes !
En 2011, le lobby éolien a en effet obtenu que le bruit des éoliennes ne soit plus régi par le Code de la Santé Publique (CSP) parce qu’aucune éolienne ne pouvait y satisfaire ! Si à l’époque l’État l’avait fait respecter, aucune éolienne n’aurait donc jamais pu être implantée à moins de 1500 mètres d’une habitation. C’est un arrêté du 26 août 2011, passé inaperçu, qui a relevé le seuil d’infraction du bruit des éoliennes à 35 décibels, alors qu’il était auparavant de 30 décibels dans le CSP. Cela revenait à multiplier par 2,5 la puissance sonore arrivant aux oreilles des riverains. Dès lors, une plainte pour nuisances sonores n’avait plus aucune chance d’aboutir !
Pire, ce texte remanié a aussi dispensé les exploitants éoliens de mesurer les basses fréquences de leurs éoliennes, comme l’imposait auparavant le CSP. Or ce sont précisément ces fréquences qui sont le plus gênantes, car elles se propagent loin, à plusieurs kilomètres, et ne sont arrêtées par rien. Par exemple, le flop du passage des pales devant le mât, parfaitement audible et agaçant à la longue, n’est ni mesuré ni pris en compte. Quant aux infrasons, la thèse officielle reconnaît que les éoliennes en émettent, mais à des niveaux tels qu’ils ne sont pas dangereux. C’est pourtant faux : de nombreuses études montrent l’inverse à l’étranger. Non seulement les infrasons sont enregistrables à plusieurs dizaines de kilomètres, mais ils peuvent être responsables de graves atteintes à la santé des personnes et des animaux.
Sans attendre, plusieurs pays d’Europe ont d’ailleurs stoppé le développement de leurs programmes d’éolien terrestre. Lorsque le scandale sanitaire des éoliennes éclatera en France, nous pensons qu’il sera de la même ampleur que celui de l’amiante. Seule la France continue à nier les évidences. La distance minimale légale d’éloignement des éoliennes par rapport aux habitations y est ridiculement basse : 500 mètres. Cette distance a été votée en 2015 avec la loi de Transition énergétique, toujours sous la pression du lobby éolien. L’Allemagne envisage aujourd’hui d’interdire toute implantation à moins de 1000 m. Le Land de Bavière a déjà imposé la règle du 10 fois la hauteur en bout de pale (2 km pour une éolienne de 200 m). La distance d’éloignement est à 2 km dans la législation locale de nombreux pays, notamment les USA et le Royaume-Uni.
Dans son avis du 9 mai 2017 sur les nuisances sanitaires des éoliennes, l’Académie de Médecine demande un retour au Code de la Santé Publique, ce qui reviendrait à faire tomber beaucoup de projets… comme celui qui nous concerne à Cruzilles et qui consiste à implanter des éoliennes au chausse-pied entre les maisons, sans considération pour les habitants les plus proches !
Les promoteurs éoliens se veulent bien sûr très rassurants mais leurs « moyens techniques » propres à réduire le bruit des éoliennes sont un leurre ! Il s’agit de panneaux en dents de scie collés sur le bord de fuite des pales. Ils réduisent le bruit mesuré « réglementairement », mais pas celui que vous percevez. Ils sont en outre totalement inefficaces dans le domaine des basses fréquences. Il est aussi pratiqué par les promoteurs de « brider » les éoliennes afin de rester sous le seuil de 35 décibels (la montée en puissance est alors empêchée dans l’espoir de limiter le bruit). Ces deux astuces permettent aux promoteurs de créer des nuisances en toute légalité, et puisque nous considérons notre bien-être et celui de nos enfants comme non négociables, cela nous apparaît inacceptable !
Le piège du démantèlement
La CNR vous jure qu’elle sera encore propriétaire de ses éoliennes d’ici 20 ans, lorsque les éoliennes à bout de souffle devront être ferraillées. Cependant, elle se gardera bien de nous l’écrire ! Pourquoi ? Parce que le marché des parcs éoliens bat son plein. Regardez sur le site www.envinergy.com avec quelle facilité les parcs changent de main.
À l’instar de tous les promoteurs, la CNR créera certainement une « Société d’exploitation des éoliennes de Cruzilles » qui sera juridiquement propriétaire (et exploitante) des éoliennes. Cette société pourra alors parfaitement être revendue. Car la CNR a cessé d’être une entreprise publique maîtresse de ses actes : elle est aujourd’hui sous la coupe d’ENGIE, par l’entremise de sa filiale belge ELECTRABEL. Si ENGIE, poussée par ses actionnaires, enjoint demain à la CNR de céder ses actifs les moins rentables, le parc de Cruzilles sera probablement revendu dans les premiers. Et dans cette hypothèse, croyez-vous que le nouveau propriétaire, fond de pension chinois ou canadien, voudra dépenser beaucoup d’argent pour le démantèlement ? Nous en doutons fortement ! Car une pratique courante est de mettre la société d’exploitation éolienne en faillite. Dès lors, le propriétaire du terrain, qu’il soit public ou privé, se retrouve propriétaire des éoliennes, et seul à régler le problème du démantèlement. Or il faut au minimum un demi-million d’euros pour démanteler proprement une éolienne de 3 MW (ce montant est confirmé par les obligations de dépôt exigées aujourd’hui en Allemagne ou aux USA). En France, tous les promoteurs affirment que la consignation légale de 50.000 € par mât est largement suffisante. Quelle blague ! En acceptant des éoliennes sur ses terrains, la commune prend le risque de débourser en une seule fois bien plus qu’elle n’aura perçu pendant 20 ans.
Faune – Flore
La CNR nous fait un grand discours sur la vertu du principe « ERC » (éviter, réduire et compenser les impacts des éoliennes). Les études d’impact sont très bavardes sur la description de l’état initial, mais beaucoup moins sur la manière de réduire les impacts. Car le plus souvent, on ne peut pas les éviter. Prenons, par exemple, le problème de la mortalité des oiseaux qui peut être très élevée dans notre secteur, puisque des couloirs de migration de toute l’Europe convergent par chez nous. L’étude de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) de 2017 est significative à cet égard : les éoliennes tuent, et tuent beaucoup ! On retrouve sous les éoliennes pas moins de 97 espèces différentes, dont 75 % d’espèces protégées ! Le promoteur tente de nous persuader que les éoliennes tuent beaucoup moins d’oiseaux que les voitures, les lignes électriques… et les chats. Mais est-ce une raison suffisante pour en tuer beaucoup d’autres ?
Il est probable que s’il le faut, la CNR demandera une dérogation pour destruction d’espèces protégées auprès du préfet. La CNR serait alors simplement tenue de faire un suivi des dégâts pendant trois ans, sans d’ailleurs avoir l’obligation de publier le suivi ! Lorsque l’État prêche le respect et la protection de la biodiversité, les faits démontrent qu’il détourne bien souvent son regard des éoliennes.
Paysage et cadre de vie – patrimoine immobilier
Curieusement, ce chapitre est absent du compte rendu de la CNR. Bien sûr ! Comment pourrait-on appliquer le magnifique principe « ERC » au paysage, alors qu’il s’agit d’objets de 200 mètres de haut ? Il est impossible d’échapper à la vue de ces objets industriels, qui sont hors d’échelle par rapport aux éléments du paysage : l’arbre, la haie, la maison… et même hors d’échelle par rapport au relief. Cerise sur le gâteau, il s’agit d’objets en mouvement. Tout paysagiste honnête vous expliquera que la rotation des éoliennes focalise le regard et vous empêche de voir tout le reste. En d’autres termes, un objet tournant qui mesure 200 m de haut, surmonté de feux à éclats tue le paysage. Et vous aurez beau vous déplacer, vous ne leur échapperez pas. Il n’y a donc aucun remède à l’impact paysager des éoliennes. Certains paysagistes rémunérés par les promoteurs vous disent que ce n’est pas si grave, et que vous vous y ferez. D’autres vous expliqueront que votre paysage est somme toute très banal, qu’il ne vaut pas un clou, et que les éoliennes vont créer un nouveau paysage ! Merci, nous préférons le nôtre, et nous nous battrons pour conserver notre cadre de vie et nos paysages ruraux qui ont à nos yeux une valeur inestimable !
Évidemment, le patrimoine immobilier souffre aussi de la dégradation du paysage. L’expérience montre que l’acheteur potentiel d’un bien immobilier évite systématiquement les secteurs où se trouvent des éoliennes. Les agents immobiliers renoncent très vite à faire des visites dans les villages qui ont accepté des éoliennes et dans les villages alentour. Le corollaire est très simple : une maison située dans un secteur à éoliennes est invendable. Les éoliennes réduisent fortement la valeur du patrimoine immobilier. Ce que nous lèguerons à nos enfants sera donc lourdement dévalué. Les promoteurs diront l’inverse. Mais vous, achèteriez-vous une maison face aux éoliennes ?